Hernie discale – chirurgie

La hernie discale est une maladie liée au déplacement d’un des disques intervertébraux. En effet, notre colonne vertébrale est constituée de 24 vertèbres dont 7 cervicales, 12 dorsales et 5 lombaires. Entre chacune d’entre elles est placé un disque intervertébral, sorte de coussin amortisseur. Ce disque est composé de deux éléments : un noyau central (nucleus) entouré d’un anneau fibreux (annulus) qui attache les deux vertèbres l’une à l’autre.

Si l’anneau se fissure, la substance du noyau fait saillie à l’extérieur de la colonne vertébrale. C’est ce qu’on appelle une hernie discale : ce débordement du disque intervertébral peut alors provoquer la compression d’une racine nerveuse ou de la moelle épinière.

Qui est touché ?

La hernie discale concerne plus fréquemment les hommes que les femmes ;

Elle survient généralement entre 35 et 55 ans suite au surmenage, au soulèvement d’une charge lourde ou encore après une torsion brusque du tronc ;

La grossesse et le surpoids sont aussi des facteurs de risque ;

Des prédispositions génétiques sont souvent à l’origine des cas précoces, dès l’âge de 20 ans ;

Même si elles restent rares, les hernies affectent également les enfants et les adolescents (moins de 1 % des patients opérés ont en dessous de 18 ans).

Les symptômes chez l’adulte et l’enfant

Adulte

Les manifestations de la hernie discale sont très variables d’un patient à l’autre. Parfois asymptomatique, elle se caractérise le plus souvent par des douleurs aiguës. Celles-ci sont souvent concentrées dans le bas du dos, car 95 % des hernies discales sont situées au niveau des vertèbres lombaires. Les symptômes classiques sont donc un mal de dos ou lombalgie. En général, la colonne vertébrale est alors très douloureuse.

Enfant

Les symptômes chez l’enfant et l’adolescent ne sont pas aussi caractéristiques que chez le patient adulte. Les premiers signes se manifestent par :

  • Une lombalgie basse ;
  • Une raideur en flexion ;
  • Une attitude antalgique marquée c’est-à-dire « une attitude statique et dynamique d’un segment du corps, adoptée par une personne pour atténuer une douleur survenant au cours d’un mouvement ».

Puis vient la sciatique.

Les cas sévères de hernie discale

Si le disque comprime la racine nerveuse, on parle de névralgie sciatique. Notons que 85 % des sciatiques résultent d’une hernie discale. Les douleurs s’étendent alors à la fesse, la cuisse et la jambe, avec une sensation de fourmillement et parfois une paralysie. Dans les cas plus sévères, c’est la moelle épinière qui est touchée, provoquant ainsi une paralysie des membres ou des sphincters anal et urinaire. Il faut dans ce cas consulter un médecin de toute urgence.

Le diagnostic

Le patient consulte généralement son médecin lorsque les douleurs dorsales s’intensifient. Lors de la visite, le médecin interroge le patient sur la fréquence, l’intensité et la localisation des douleurs. L’examen clinique est ensuite complété par une radiographie du rachis suffisante pour poser le diagnostic. Mais si le médecin doute, il peut proposer un scanner ou une IRM, qui permettront de visualiser la hernie.

Chez l’enfant, l’IRM offre une très bonne visualisation de l’hernie, mais il peut être difficile à réaliser chez les très jeunes patients.

Quatre traitements possibles

Les hernies discales sont plus ou moins sévères et les douleurs varient en fonction des patients. Il existe donc quatre approches possibles chez l’adulte comme chez l’enfant :

 Le traitement médicamenteux à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), d’antalgiques ou de myorelaxants (décontractants musculaires). Prescrits sur de courtes durées et accompagnés d’un repos, ces traitements suffisent dans la plupart des cas pour supprimer les douleurs. La hernie peut persister malgré l’absence de douleurs ou bien disparaître toute seule

 L’infiltration locale d’anti-inflammatoires (corticoïdes) est proposée en cas d’échec au traitement médical. Elle peut être renouvelée deux à trois fois en fonction des patients ;

 La nucléolyse ou chimionucléolyse consiste à détruire le noyau du disque intervertébral par injection d’une enzyme extraite du fruit de la papaye (chymopapaïne ou chymodiactine). Ce traitement est efficace dans 90 % des cas ;

 L’opération chirurgicale est pratiquée en urgence suite à une paralysie des membres ou des sphincters anal et urinaire, et lorsque aucun des traitements précédents ne répond. Seules 5 à 10 % des hernies nécessitent ce type d’intervention.

Quel que soit le traitement choisi, il est souvent accompagné de séances de rééducation chez le kinésithérapeute. Ce, afin d’éviter les récidives et permettre d’assouplir et de muscler le dos.

La hernie discale disparaît d’elle même dans la moitié des cas et les traitements non-chirurgicaux permettent la guérison dans 80 % des cas. Mais la meilleure solution reste la prévention : prenez donc soin de votre dos et préférez les sports non traumatiques tel que la marche rapide, le cyclisme et la natation.

Comment éviter la hernie discale ?

La prévention du mal de dos, et notamment de la hernie discale, passe par quelques gestes simples à adopter au quotidien :

  • Faire de l’exercice régulièrement ;
  • Se muscler le dos avec des exercices doux ;
  • Maintenir un poids de santé correct ;
  • Faire attention à sa posture (debout, assis, au travail, port de charges lourdes…) ;
  • Porter des chaussures bien ajustées ;
  • Privilégier le sac à dos plutôt qu’un sac à bandoulière ;
  • Au travail, utiliser une chaise pivotante et penser à bien ajuster la hauteur du siège (l’écran doit se situer au niveau des yeux) ;

Si l’on doit rester longtemps assis, penser à se dégourdir les jambes régulièrement.

Hernie discale : le traitement par injection de gel

Très douloureuse et handicapante, la hernie est dans un premier temps soignée par des médicaments anti-inflammatoires ou des infiltrations, et surtout par des exercices physiques. Quand ces solutions ne suffisent plus, la chirurgie ouverte est le traitement le plus souvent prescrit : discectomie partielle pour supprimer le contact entre le disque et la racine nerveuse, pose de prothèses pour remplacer les disques lésés ou fixation des vertèbres. « Ces interventions ont pour conséquence une aggravation du désordre postural, lui-même souvent à l’origine de la hernie. D’où les récidives fréquentes des hernies traitées par chirurgie », regrette un neuroradiologiste et radiologiste interventionnel à la Clinique Paris V, ancien professeur de radiologie au CHU de Caen.

Depuis une quinzaine d’années, il propose à ses patients une alternative : un traitement qui consiste en l’injection d’un gel d’éthanol radio-opaque (commercialisé sous le nom de Discogel) directement dans les disques lésés afin de diminuer la pression intradiscale. Avec des taux de réussite non négligeables, selon lui : « Ce gel permet d’obtenir de très bons résultats auprès des patients qu’on traite dans 70 à 90 % des cas. »

Injection de gel d’éthanol : déroulé de l’intervention

Avant l’intervention, le médecin demande différents examens d’imagerie pour visualiser la hernie et les points de fragilité du ou des disques intervertébraux lésés.

Le traitement se déroule ensuite en ambulatoire. Une anesthésie locale est pratiquée et l’injection se fait directement au cœur du disque, le radiologiste étant guidé par scopie télévisée. Des scanners pratiqués directement après des interventions ont permis de constater que le gel se réparti de lui-même dans les zones « de fragilité » du disque, comme les fissures.

« Le soulagement peut être immédiat ou prendre quelques heures », décrit le professeur de radiologie. « Il ne faut pas s’inquiéter si des douleurs réapparaissent, c’est normal. Le soulagement complet peut prendre plus ou moins de temps selon les patients. » Les personnes traitées peuvent ensuite reprendre une activité normale dans les heures ou les jours qui suivent.

Piste d’amélioration des traitements : une approche multifactorielle de la hernie discale

Si les taux de réussite du Discogel tournent autour des 70 % de manière générale, un expert affirme qu’ils pourraient être améliorés en considérant la zone douloureuse dans son ensemble et pas seulement la hernie discale : « on peut obtenir des taux de succès proches des 90 %, cela grâce à une approche qui prend en compte le caractère multifactoriel du problème. » À savoir les facteurs posturaux, musculaires, infectieux.

En effet, les causes d’une hernie discale sont souvent multiples. Par exemple, le déséquilibre de la colonne peut être accentué par une faiblesse des muscles de soutien. Ces muscles sont, du fait de la position debout, très peu utilisés. Ils s’atrophient progressivement, même chez les sujets très sportifs. La graisse prend naturellement la place du vide laissé par l’atrophie musculaire et est incompressible une fois installée. Une liposuccion des muscles vertébraux pratiquée en même temps que l’injection de gel d’éthanol peut aider à « supprimer cette graisse installée. La place libérée, les muscles se redéploient immédiatement. »

En parallèle des injections de Discogel et de la liposuccion, des injections de corticoïdes dans les articulations postérieures de la colonne vertébrale, susceptibles de traiter la symptomatologie douloureuse, peuvent apporter un confort supplémentaire au patient.

« Dans l’avenir, on pourrait envisager de pratiquer des injections de Discogel de manière préventive, en repérant par IRM des disques qui présenteraient des faiblesses », conclut-il. Un suivi préventif chez les personnes souffrant du dos, qui permettrait d’éviter qu’une ou des hernies ne se forment. Avec toujours pour principal frein le non-remboursement de la pratique.

Un autre traitement non chirurgical

À côté des injections du Discogel et de corticoïdes pour soulager la douleur, il existe une autre alternative: la PCP profonde ou pression continue profonde. Ce moyen non chirurgical consiste à exercer de fortes pressions à l’aide d’un appareil sur les muscles profonds pour relâcher et assouplir les tendons et les ligaments. La méthode s’applique d’abord aux zones situées à distance du site douloureux pour s’en rapprocher peu à peu, en appliquant des pressions de plus en plus fortes. La PCP therapy peut être utilisée lorsque les que les douleurs sont localisées au niveau des cervicales, du milieu du dos ou des lombaires, y compris si elles se propagent le long du nerf sciatique.

Hernie discale : quand faut-il se faire opérer ?

L’intervention chirurgicale est conseillée dans deux cas de figure :

Lorsque la douleur est difficilement supportable et ne diminue pas malgré les médicaments pris pendant le traitement (antalgiques, corticoïdes, anti-inflammatoires, morphine…) ou malgré les infiltrations, et les séances de rééducation ;

Lorsque des atteintes neurologiques apparaissent : douleur, voire paralysie d’un membre inférieur ou d’un sphincter, déficit sensitif.

Comment se déroule une opération de hernie discale ?

L’intervention chirurgicale se déroule sous anesthésie générale et dure entre 30 et 45 minutes. La personne est hospitalisée de 24 à 72 heures.

« On va accéder au canal lombaire et passer entre deux vertèbres pour exciser la hernie. Il s’agit d’une intervention qui laisse une petite cicatrice de 3 à 5 cm ».

Dans « 90 % des cas », l’intervention donne de « bons résultats ». Dans certains cas rares, il arrive qu’une hernie réapparaisse quelques années plus tard au même endroit. Il est alors possible de procéder à une nouvelle intervention chirurgicale. « Ensuite, si la hernie revient une nouvelle fois, on peut alors envisager une arthrodèse, c’est-à-dire une fixation de deux vertèbres entre elles ». Cette technique ne doit être envisagée qu’en dernier recours, l’arthrodèse provoquant des immobilisations souvent néfastes pour la colonne.

Hernie discale : les suites du traitement chirurgical

Après l’intervention, la personne est en principe capable se lever et d’effectuer des mouvements simples. Pendant les trois semaines qui suivent l’intervention, il est conseillé de limiter les activités : pas de séances de kinésithérapie ni de sport, le temps que la cicatrisation se fasse.

Au bout d’un mois, après une nouvelle consultation médicale, le travail de renforcement musculaire peut commencer. C’est aussi le moment d’apprendre les gestes efficaces pour protéger le dos s’ils n’ont pas déjà été communiqués. La reprise du travail peut être envisagée un mois en moyenne après l’intervention chirurgicale pour les travailleurs sédentaires et deux mois pour les personnes ayant un travail physique.

Si la personne souffrait avant l’intervention de lombalgies qui n’étaient pas liées à la hernie, il est possible que des douleurs résiduelles persistent. « Il est important de prévenir les patients qu’ils peuvent conserver cette douleur ». En dehors de ce cas de figure, l’intervention ne laisse pas de séquelle particulière.

Les complications possibles de la chirurgie

L’opération d’une hernie discale fait parfois peur et de nombreuses personnes refusent de se faire opérer. Rappelons que cette opération, comme toute intervention chirurgicale comporte des risques et des complications possibles même si celles-ci sont rares (hématome, difficultés pour uriner, lésion d’un nerf, infection), voire exceptionnelles (paralysie partielle des membres inférieurs). Décider de se faire opérer n’est pas un acte anodin.

Si vous êtes concerné par une hernie discale, consultez un rhumatologue et un chirurgien. « Des études montrent que la résorption de la hernie est identique à cinq ans après ou sans chirurgie. Il ne s’agit donc pas de se faire opérer à tout prix. Mais uniquement quand la douleur est intolérable, il est temps de penser à l’intervention ».

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